Inhumations - Image faussée des pensées et besoins des Vaudois musulmans
A propos de la réflexion de M. Jacques-André Haury intitulé «Des carrés musulmans? Oui, mais privés!» (24 heures du 19 février 2014). Voir ci-dessous.
Publié dans le 24Heures le 5 mars 2014
La réflexion du député Haury donne une image faussée des pensées et besoins des Vaudois musulmans ainsi que de la réglementation cantonale sur les inhumations des communautés religieuses. Ayant pu lui donner mon avis personnellement, je tiens à le faire aussi envers le public afin de corriger ces éléments.
Selon M. Haury, la démarche d’un espace confessionnel pour les musulmans serait dans une logique d’exclusion, qui exigerait que les corps ne soient pas enterrés à proximité des impurs, donc des chrétiens. Cela me donne l’impression d’un procès d’intention. Les chrétiens, impurs? Une grande partie de ma famille, mes voisins, mes amis, mes collègues au travail, mes collègues au basket, tous impurs? Non, certainement pas! En plus, accuser d’exclusionniste un espace confessionnel intégré dans un cimetière public en prônant un cimetière privé, donc totalement séparé, manque de cohérence. Le contraire est le cas, vouloir s’enterrer sur son sol, chez soi grâce à l’utilisation de structures publiques et communes au lieu d’une solution privée et séparée est un signe fort d’intégration. L’élément principal qui nécessite un espace en concession pour les musulmans est l’incompatibilité du besoin d’enterrer les corps vers La Mecque avec le principe d’enterrement à lignes.
Tant que la possibilité pour les communautés religieuses de pouvoir s’enterrer selon leur tradition n’est pas mise en question, la position de M. Haury, donc privée plutôt que publique, pourrait se discuter. Mais si nous prenons en compte la réglementation cantonale, la question est déjà tranchée. Il suffit de consulter le règlement cantonal sur les décès, les sépultures et les pompes funèbres qui dit sous l’article 64 - Concession: «Elles peuvent être accordées de façon collective à des communautés religieuses.»
Pascal Gemperli, président de l’UVAM (Union vaudoise des associations musulmanes), Lausanne
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