Initiative de l'UDC contre l'intégrisme religieux: une construction défectueuse
Publié dans 24Heures, 3.4.2017
L’UDC craint que les communautés reconnues puissent contraindre les autorités à accorder à leurs membres des aménagements particuliers. Pour empêcher cela, elle propose, via une initiative, un changement de la Constitution vaudoise en cinq points. Prenons les un par un.
Serait ainsi interdite aux communautés reconnues «une prise en charge particulière dans le domaine des soins». Or le libre choix du médecin est garanti en Suisse. Il peut seulement être limité de manière indirecte par la prise en charge de l’assurance-maladie. Si l’UDC visait à interdire l’aumônerie, il faudrait se demander sur quelle base éthique on pourrait interdire l’accompagnement spirituel à une personne en fin de vie.
Egalement interdits: «des enseignements spécifiques ou des dispenses». Le plan d’étude romand est élaboré par la Conférence intercantonale de l’instruction publique et approuvé par les instances respectives. Il est totalement illusoire d’imaginer qu’une communauté religieuse puisse en exiger des contenus spécifiques.
Quant aux dispenses, le Département de la formation et de la jeunesse conclut «qu’il convient d’accorder des congés scolaires d’une durée limitée pour permettre à des personnes qui en font la demande sérieuse d’accomplir leurs devoirs religieux.» Selon l’UDC, une communauté officiellement reconnue ne pourrait donc plus le faire, les non reconnues oui. Etonnant!
Seraient encore interdits «des jours fériés ou des horaires particuliers». Les jours fériés sont stipulés dans la loi sur le personnel de l’Etat de Vaud. Comment une communauté reconnue pourrait-elle unilatéralement changer cette loi?
Dans l’interdiction toujours: «des régimes alimentaires spécifiques». Il faut croire que cela vise les crèches ou écoles publiques. Ces institutions préparent les repas en fonction des possibilités et des demandes. Des alternatives à la viande, incluant le porc, loin de tout intégrisme religieux, ne semblent pas poser réellement de problèmes.
Enfin seraient aussi interdites «des dérogations vestimentaires». Une dérogation se fait forcément en fonction d’une norme; quelle serait cette norme vestimentaire vaudoise? Sachant que cette initiative vise uniquement les communautés reconnues, sauf les protestants et les catholiques, est-ce qu’un chrétien orthodoxe ne pourrait plus porter la croix autour du cou mais le catholique oui?
L’initiative de l’UDC confond libertés individuelles, respectivement leur restriction, avec droits et devoirs accordés à une association reconnue d’intérêt public. C’est une construction défectueuse.
Contradictions et une méconnaissance manifeste de nos institutions sont regroupées dans cette initiative. En conséquence, elle n’est pas seulement inutile mais dangereuse car elle crée un flou juridique et fort probablement une discrimination et une violation des libertés constitutionnellement garanties, y compris pour des communautés chrétiennes.
L’UDC craint que les communautés reconnues puissent contraindre les autorités à accorder à leurs membres des aménagements particuliers. Pour empêcher cela, elle propose, via une initiative, un changement de la Constitution vaudoise en cinq points. Prenons les un par un.
Serait ainsi interdite aux communautés reconnues «une prise en charge particulière dans le domaine des soins». Or le libre choix du médecin est garanti en Suisse. Il peut seulement être limité de manière indirecte par la prise en charge de l’assurance-maladie. Si l’UDC visait à interdire l’aumônerie, il faudrait se demander sur quelle base éthique on pourrait interdire l’accompagnement spirituel à une personne en fin de vie.
Egalement interdits: «des enseignements spécifiques ou des dispenses». Le plan d’étude romand est élaboré par la Conférence intercantonale de l’instruction publique et approuvé par les instances respectives. Il est totalement illusoire d’imaginer qu’une communauté religieuse puisse en exiger des contenus spécifiques.
Quant aux dispenses, le Département de la formation et de la jeunesse conclut «qu’il convient d’accorder des congés scolaires d’une durée limitée pour permettre à des personnes qui en font la demande sérieuse d’accomplir leurs devoirs religieux.» Selon l’UDC, une communauté officiellement reconnue ne pourrait donc plus le faire, les non reconnues oui. Etonnant!
Seraient encore interdits «des jours fériés ou des horaires particuliers». Les jours fériés sont stipulés dans la loi sur le personnel de l’Etat de Vaud. Comment une communauté reconnue pourrait-elle unilatéralement changer cette loi?
Dans l’interdiction toujours: «des régimes alimentaires spécifiques». Il faut croire que cela vise les crèches ou écoles publiques. Ces institutions préparent les repas en fonction des possibilités et des demandes. Des alternatives à la viande, incluant le porc, loin de tout intégrisme religieux, ne semblent pas poser réellement de problèmes.
Enfin seraient aussi interdites «des dérogations vestimentaires». Une dérogation se fait forcément en fonction d’une norme; quelle serait cette norme vestimentaire vaudoise? Sachant que cette initiative vise uniquement les communautés reconnues, sauf les protestants et les catholiques, est-ce qu’un chrétien orthodoxe ne pourrait plus porter la croix autour du cou mais le catholique oui?
L’initiative de l’UDC confond libertés individuelles, respectivement leur restriction, avec droits et devoirs accordés à une association reconnue d’intérêt public. C’est une construction défectueuse.
Contradictions et une méconnaissance manifeste de nos institutions sont regroupées dans cette initiative. En conséquence, elle n’est pas seulement inutile mais dangereuse car elle crée un flou juridique et fort probablement une discrimination et une violation des libertés constitutionnellement garanties, y compris pour des communautés chrétiennes.
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