Mais qui est ce "Nous" au juste ?

Publié dans Evangile et liberté, mai 2017, légèrement modifié pour ce blog.

Une identité positive est un besoin humain, elle se construit sur deux plans : l’identité personnelle et l’identité sociale, donc l’appartenance à un groupe dont la réputation est positive. Selon la théorie de l’identité sociale, les conflits entre groupes sociaux s’expliquent à travers trois processus fondamentaux : la catégorisation sociale, l’auto-évaluation sur la base de l’identité sociale et la comparaison sociale intergroupe.


Les études menées par Henri Tajfel (1919-1982) ont démontré que même un seul critère arbitraire est suffisant pour générer cette catégorisation sociale et que les humains se divisent en groupes afin de renforcer leur identité et ainsi leur position de force, pour le moins en apparence. Ceci est valable notamment en temps de crise ou pour distribuer des ressources limitées. Ce critère est souvent celui qui semble le plus évident : la couleur de peau, la conviction politique ou encore la religion. L’histoire nous tient maintes mémoires douloureuses prêtes au rappel.
À l’heure des populismes de tous bords la (re-)définition de nos identités prend une importance politique. Elle sert aux uns à montrer du doigt les fautifs présumés des maux de nos sociétés et force ainsi les autres à assainir leur identité sociale entachée. Pour le cas des communautés religieuses, cela passe souvent par une fuite dans la rigueur d’un référentiel religieux comme stratégie de défense, pour soi-disant améliorer l’identité sociale autoperçue. Dans ce cercle vicieux, les voix des analystes nuancés se noient dans les bruits des trompes de guerre populistes. Quelle stratégie alors adopter face à cette situation ?
Les explications simplistes et les aboiements étant réservés aux populistes, deux pistes s’offrent aux promoteurs du vivre-ensemble : a) le rééquilibrage de nos identités sociales sur base d’une reconnaissance mutuelle afin d'offrir à toutes et tous une identité sociale positive et b) la construction d’un nouveau Nous sur cette base. Rendons donc la dignité qu'elle mérite à l’identité sociale de la communauté musulmane, pour qu’elle puisse s’épanouir et contribuer pleinement à notre société et affirmons l’identité européenne, française, suisse, etc. de l’islam pour contraindre les populistes à revoir leur catégorisation sociale dépassée. Voici une stratégie pour l’avenir. 

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