Savoir ou se faire avoir: quand l'attitude prend le dessus sur l'expertise
L'aura de Madame Keller-Messahli, souvent présentée comme experte
concernant l'Islam en Suisse et très sollicitée par les médias, a pris un coup
sévère outre-Sarine. La raison est son article concernant l'Islam dans les
Balkans dans une publication du Département des affaires étrangères autrichien.
Cet article correspond au chapitre respectif dans son récent livre « La
Suisse, plaque tournante islamiste ». Les experts et journalistes
autrichiens semblent bien plus attentifs que leurs homologues suisses.
Rapidement ils ont critiqué ces écrits et ceci sans pitié. Le TagesAnzeiger[1] les a repris, voici ce que
ça donne (traduction libre):
- Publier une telle chose est
un scandale
- Un minimum de sérieux est
nécessaire pour un tel texte. Ce n'est pas le cas. Le texte est mal investigué,
bordélique, écrit par une personne qui n'a aucune idée de la thématique
- D'autres historiens des
Balkans confirment que le texte est plein d'erreur
- Si je n'avais pas su qui
était l'auteur du texte j'aurais conclut qu'il venait d'un auteur
nationaliste serbe
- etc.
Même la NZZ qui, à travers NZZ Libro, a pourtant édité son livre
contenant un chapitre du même style sur la même thématique doit constater que
Madame Keller-Messahli est « une missionnaire plutôt qu’une experte »[2].
Ayant lu son livre, je suis convaincu qu’une analyse sérieuse des autres
chapitres de son livre, notamment sur l’Islam en Suisse, arriverait à la même
conclusion accablante. Malheureusement, en publiant les propos de Madame
Keller-Messahli sans vérifier ni source ni accusés, les médias Suisse ont manqué
gravement à leurs obligations journalistiques. Nous attendons toujours un expert
ou un journaliste qui révise ce livre avec l’objectivité et le recul professionnel
nécessaire… Mais dans le contexte d’une islamophobie ambiante, l’attitude prend
le dessus sur l’expertise.
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