Une économie où chacun peut être gagnant
Publié dans le 24Heures le 24 avril 2012.
La proposition d’instaurer une économie verte – initiative pour laquelle mon parti collecte actuellement des signatures – figure parmi les beaux projets politiques qui permettent de satisfaire les revendications de différentes tendances idéologiques: elle marie l’économie à l’écologie.
L’économie verte demande une transformation profonde de notre industrie, notamment par la réalisation de processus circulaires. Autrement dit la réintroduction d’éléments sortant d’une entreprise (énergie, déchets, matériaux) en tant qu’éléments entrant dans une autre, soit le principe de l’écologie industrielle.
Cette approche, développée notamment par le professeur à l’UNIL Suren Erkman, nécessite la perception de l’économie comme un écosystème, avec des procédés sous forme de métabolisme industriel. Concrètement, la chaleur dégagée par les serveurs d’une entreprise informatique peut être réutilisée pour chauffer un bureau; ou encore, le soufre d’une installation de désulfuration réagit avec de la chaux, ce qui donne du gypse.
On l’aura compris, nous sommes dans une logique gagnant-gagnant: l’innovation, la coopération et la réduction des dépenses affectées à l’énergie et aux matières premières sont bénéfiques pour l’économie en général et pour les entreprises concernées en particulier. De plus, la réduction des déchets à la sortie ainsi que de l’énergie et des matières premières à l’entrée est écologiquement durable. L’économie et l’écologie sont donc gagnantes.
La même logique s’applique à la responsabilité sociale. L’humain est le plus grand «capital» d’une entreprise, et d’habitude aussi le plus grand poste dans les budgets. Le soigner ne relève donc pas uniquement d’un principe éthique, mais aussi d’une logique économique.
Le remplacement d’un employé mécontent et démissionnaire coûte à l’entreprise environ un salaire annuel (recrutement, formation, intégration et rendement d’abord insuffisant du remplaçant, etc.). Les conséquences du stress au travail (absentéisme, burnout, etc.) coûteraient en Suisse 10 milliards de francs par an, selon le SECO. Et, finalement, les conflits au travail peuvent paralyser les processus et la coopération interne. Les coûts annuels par entreprise se chiffrent entre 10 000 francs et 700 000 francs, d’après la taille de celle-ci (baisse de rendement, manque d’opportunités d’affaires, perte de clients), selon une étude publiée par KPMG en 2009.
Ces problèmes, pourtant évitables, ont menacé plus d’une entreprise. La prévention des coûts humains et financiers crée un deuxième couple gagnant, cette fois-ci le social et l’économie.
Une transformation de l’industrie visant à plus de durabilité écologique, de responsabilité sociale et donc de rentabilité économique devrait satisfaire un large spectre d’opinions: n’est-ce pas le plus beau projet politique?
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