Un article constitutionnel sur la burqa serait une absurdité
Publié dans 24Heures du 10.10.2016
L'invité Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes, répond aux propos tenus à l'encontre de l'Union par Jacques-André Haury.
M. Haury ( 24 heures du 7 octobre ) falsifie la position de l’UVAM (Union vaudoise des associations musulmanes) sur la burqa et tente de l’approcher de la mouvance salafiste. Cela nécessite une réponse ferme et nette.
Ne pas saluer l’interdiction de la burqa serait une preuve de proximité avec le salafisme et du manque d’intégration dans la société. Notre scepticisme quant à cette interdiction est le résultat d’une réflexion politique et non religieuse. En 2013 déjà, dans notre papier de position, nous avons déclaré que le port de la burqa ne relève d’aucune obligation religieuse. J’ai déclaré pareil dans une interview à 24 heures. Dans l’émission Faut pas croire de la RTS, la vice-présidente de l’UVAM a encore souligné cette vision. D’un point de vue religieux, notre position est claire.
Sur le plan politique la question se présente différemment. Le débat sur la burqa montre déjà clairement une stigmatisation de notre communauté pour une pratique qui ne concerne qu’une poignée de personnes et que la quasi-totalité des musulmans rejettent. En faire un article constitutionnel serait une absurdité. Les quelques femmes concernées que vous prétendez vouloir sauver n’iraient pas mieux avec une interdiction, au contraire.
La totalité des conseillers nationaux socialistes, Verts et Verts libéraux et une forte majorité du PLR et du PBD ont également rejeté cette interdiction. La position de l’UVAM sur cette question fait preuve d’une maturité politique, d’une prise de responsabilité et d’une contribution aux débats de société et non d’un manque d’intégration.
On nous désigne comme «valets du salafisme». C’est le comble, on se croirait dans une mauvaise comédie! Les musulmans vaudois sont des architectes, des artistes, des médecins, des travailleurs, vos voisins et les ami(e)s de vos enfants. Nous nous engageons dans le dialogue interreligieux, nous travaillons avec les universités et les autorités, nous mettons en œuvre des projets sociaux, nous attribuons chaque année le prix de l’«entre-connaissance» pour des personnalités vaudoises, nous prévenons la potentielle radicalisation de certaines âmes faibles, nous recevons la reconnaissance et le soutien des autorités pour nos engagements.
Nous accomplissons l’accompagnement spirituel dans les prisons vaudoises, nous voulons souligner notre attachement à la constitution et au cadre légal ainsi que démontrer la transparence financière à travers une éventuelle reconnaissance étatique. Les musulmans vaudois sont un bien pour cette société, une valeur ajoutée.
Maintenant, donnez-moi une seule raison fondée selon laquelle l’UVAM serait un valet du salafisme ou qu’elle ne serait pas suffisamment intégrée dans ce canton. Les questions sur l’intégration des musulmans vaudois reposent sur des allégations non vérifiées plutôt que sur les réalités du terrain, dommage.
L'invité Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes, répond aux propos tenus à l'encontre de l'Union par Jacques-André Haury.
M. Haury ( 24 heures du 7 octobre ) falsifie la position de l’UVAM (Union vaudoise des associations musulmanes) sur la burqa et tente de l’approcher de la mouvance salafiste. Cela nécessite une réponse ferme et nette.
Ne pas saluer l’interdiction de la burqa serait une preuve de proximité avec le salafisme et du manque d’intégration dans la société. Notre scepticisme quant à cette interdiction est le résultat d’une réflexion politique et non religieuse. En 2013 déjà, dans notre papier de position, nous avons déclaré que le port de la burqa ne relève d’aucune obligation religieuse. J’ai déclaré pareil dans une interview à 24 heures. Dans l’émission Faut pas croire de la RTS, la vice-présidente de l’UVAM a encore souligné cette vision. D’un point de vue religieux, notre position est claire.
Sur le plan politique la question se présente différemment. Le débat sur la burqa montre déjà clairement une stigmatisation de notre communauté pour une pratique qui ne concerne qu’une poignée de personnes et que la quasi-totalité des musulmans rejettent. En faire un article constitutionnel serait une absurdité. Les quelques femmes concernées que vous prétendez vouloir sauver n’iraient pas mieux avec une interdiction, au contraire.
La totalité des conseillers nationaux socialistes, Verts et Verts libéraux et une forte majorité du PLR et du PBD ont également rejeté cette interdiction. La position de l’UVAM sur cette question fait preuve d’une maturité politique, d’une prise de responsabilité et d’une contribution aux débats de société et non d’un manque d’intégration.
On nous désigne comme «valets du salafisme». C’est le comble, on se croirait dans une mauvaise comédie! Les musulmans vaudois sont des architectes, des artistes, des médecins, des travailleurs, vos voisins et les ami(e)s de vos enfants. Nous nous engageons dans le dialogue interreligieux, nous travaillons avec les universités et les autorités, nous mettons en œuvre des projets sociaux, nous attribuons chaque année le prix de l’«entre-connaissance» pour des personnalités vaudoises, nous prévenons la potentielle radicalisation de certaines âmes faibles, nous recevons la reconnaissance et le soutien des autorités pour nos engagements.
Nous accomplissons l’accompagnement spirituel dans les prisons vaudoises, nous voulons souligner notre attachement à la constitution et au cadre légal ainsi que démontrer la transparence financière à travers une éventuelle reconnaissance étatique. Les musulmans vaudois sont un bien pour cette société, une valeur ajoutée.
Maintenant, donnez-moi une seule raison fondée selon laquelle l’UVAM serait un valet du salafisme ou qu’elle ne serait pas suffisamment intégrée dans ce canton. Les questions sur l’intégration des musulmans vaudois reposent sur des allégations non vérifiées plutôt que sur les réalités du terrain, dommage.
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