Il est temps de s’allier contre les extrémistes de tous bords
Publié dans Le Temps le 15.10.2017 comme suite de:
Pris à partie par l’éditeur Pierre-Marcel Favre, Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes, en appelle à ne pas se tromper de cible dans la lutte contre les intégristes de toutes religions
Monsieur Favre, mis à part les dénigrements contre ma personne, dont j’ignore la motivation («le militant Gemperli», «notre héros musulman», «le grand historien et géographe Gemperli», «notre converti»), je suis globalement d’accord avec votre réponse.
Serions-nous d’accord?
Vous réfutez le caractère chrétien des groupes que j’ai mentionnés, vous avez raison. S’autoproclamer «Armée de résistance du Seigneur» n’implique aucune preuve d’une quelconque justification chrétienne, tout comme s’autoproclamer «Etat islamique» n’implique aucune justification islamique.
Vous considérez les anti-balaka comme «avant tout animistes plus que chrétiens», tout comme je considère les terroristes de Daech comme avant tout nihilistes plus que musulmans. Le Ku Klux Klan, pour vous, n’a simplement aucun rapport avec le christianisme, même si ses membres utilisent des croix en feu comme symbolique quand ils tuent et se réfèrent à la Bible. Effectivement, brandir des symboles religieux, tels qu’une longue barbe ou une burqa, et se référer au Coran pour tuer ne justifie pas l’acte criminel d’un point de vue religieux.
Guère de rapport avec le christianisme pour les combattants de Joseph Kony, qui récitent pourtant la Bible avant les combats. C’est pareil pour moi avec les terroristes qui crient «Allahou akbar» avant de tuer.
Serions-nous bien plus d’accord entre nous que votre réponse l’aurait pu laisser penser?
Je trouve quand même deux différences de taille. Premièrement, à aucun moment je n’avais conçu un conflit global entre christianisme et islam comme vous le laissez entendre. Etant moi-même de culture judéo-christo-islamique, cela serait particulièrement abstrus.
Mon choix des exemples du terrorisme prétendument chrétien est aléatoire. Il concerne des victimes de toutes sortes et non spécialement des musulmans. Si vous vous interrogez quant au manque de cohérence à cause de l’absence d’un rapport entre christianisme et l’islam, c’est qu’il n’y en a pas…
Deux faces de la même pièce
Et le deuxième désaccord: selon vous, je voudrais «tenter de faire croire que l’islam est une victime et les chrétiens et quelques autres des terroristes». Je dis pourtant le contraire à plusieurs reprises dans mon article. C’est ma profonde conviction que les extrémistes islamistes et les extrémistes hostiles à l’islam ne sont que deux faces de la même pièce.
Ils sèment la haine pour entretenir le conflit afin d’exploiter leurs bénéfices politiques ou économiques. Compte tenu de la violence symbolique, structurelle et parfois physique à laquelle notre société est exposée dans ce contexte, nous pouvons effectivement parler d’un clash.
Mais la ligne de front n’est pas le long des différences religieuses. Plutôt, elle se désigne entre les extrémistes de tous bords, hostiles à la paix, et ceux qui veulent assurer et renforcer la démocratie, la paix confessionnelle, l’égalité de traitement, les libertés individuelles et tous les autres acquis de notre société moderne. Il est temps de s’allier et d’identifier ensemble les ennemis de tous bords à notre paix sociale.
- L'appel au secours d'un musulman
- La réponse de Pierre-Marcel Favre à l'«appel au secours d’un musulman
Pris à partie par l’éditeur Pierre-Marcel Favre, Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes, en appelle à ne pas se tromper de cible dans la lutte contre les intégristes de toutes religions
Monsieur Favre, mis à part les dénigrements contre ma personne, dont j’ignore la motivation («le militant Gemperli», «notre héros musulman», «le grand historien et géographe Gemperli», «notre converti»), je suis globalement d’accord avec votre réponse.
Serions-nous d’accord?
Vous réfutez le caractère chrétien des groupes que j’ai mentionnés, vous avez raison. S’autoproclamer «Armée de résistance du Seigneur» n’implique aucune preuve d’une quelconque justification chrétienne, tout comme s’autoproclamer «Etat islamique» n’implique aucune justification islamique.
Vous considérez les anti-balaka comme «avant tout animistes plus que chrétiens», tout comme je considère les terroristes de Daech comme avant tout nihilistes plus que musulmans. Le Ku Klux Klan, pour vous, n’a simplement aucun rapport avec le christianisme, même si ses membres utilisent des croix en feu comme symbolique quand ils tuent et se réfèrent à la Bible. Effectivement, brandir des symboles religieux, tels qu’une longue barbe ou une burqa, et se référer au Coran pour tuer ne justifie pas l’acte criminel d’un point de vue religieux.
Guère de rapport avec le christianisme pour les combattants de Joseph Kony, qui récitent pourtant la Bible avant les combats. C’est pareil pour moi avec les terroristes qui crient «Allahou akbar» avant de tuer.
Serions-nous bien plus d’accord entre nous que votre réponse l’aurait pu laisser penser?
Je trouve quand même deux différences de taille. Premièrement, à aucun moment je n’avais conçu un conflit global entre christianisme et islam comme vous le laissez entendre. Etant moi-même de culture judéo-christo-islamique, cela serait particulièrement abstrus.
Mon choix des exemples du terrorisme prétendument chrétien est aléatoire. Il concerne des victimes de toutes sortes et non spécialement des musulmans. Si vous vous interrogez quant au manque de cohérence à cause de l’absence d’un rapport entre christianisme et l’islam, c’est qu’il n’y en a pas…
Deux faces de la même pièce
Et le deuxième désaccord: selon vous, je voudrais «tenter de faire croire que l’islam est une victime et les chrétiens et quelques autres des terroristes». Je dis pourtant le contraire à plusieurs reprises dans mon article. C’est ma profonde conviction que les extrémistes islamistes et les extrémistes hostiles à l’islam ne sont que deux faces de la même pièce.
Ils sèment la haine pour entretenir le conflit afin d’exploiter leurs bénéfices politiques ou économiques. Compte tenu de la violence symbolique, structurelle et parfois physique à laquelle notre société est exposée dans ce contexte, nous pouvons effectivement parler d’un clash.
Mais la ligne de front n’est pas le long des différences religieuses. Plutôt, elle se désigne entre les extrémistes de tous bords, hostiles à la paix, et ceux qui veulent assurer et renforcer la démocratie, la paix confessionnelle, l’égalité de traitement, les libertés individuelles et tous les autres acquis de notre société moderne. Il est temps de s’allier et d’identifier ensemble les ennemis de tous bords à notre paix sociale.
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