Mais qu'est-ce que l'Islam vaudois au juste ? Une réponse à M. Bibollet
En réponse à un de mes récents articles dans 24Heures,
Monsieur Christian Bibollet m’interroge[1]
sur ma critique concernant le livre de Mme Keller-Messahli, sur l’Islam vaudois
ainsi que sur la présumée incompatibilité entre la charia et les lois
démocratiques. Voici mes réponses…
M. Bibollet, vous vous étonnez que je disqualifie de livre
de Mme Keller-Messahli. A cet égard, je partage l’avis de l’office d’exécution
des peines zurichois. Ce dernier a annulé sa coopération avec Mme
Keller-Messahli suite à une dénonciation calomnieuse pour salafisme qu’elle
portait contre un imam aumônier de la prison de Pöschwies. L’attitude qu’elle
transmettait était contraire aux principes fondamentaux de l’office, comme la
liberté religieuse ou l’égalité. Le taux d’occupation de l’imam en question a
ensuite été augmenté de 20% à 100%, à lire dans le TagesAnzeiger du 27.7.2017.
Quel Islam pour le Canton de Vaud, demandez-vous. La réponse
est simple : c’est celui qui participe activement au dialogue
interreligieux depuis des décennies, celui qui a cofondé l’Arzilier la maison
du dialogue et le groupement Musulmans-Chrétiens pour le Dialogue et l’Amitié,
celui qui, depuis 15 ans envoie des accompagnants spirituels dans les prisons
vaudoises pour calmer les esprits et ainsi faciliter la réinsertion des
détenus, celui qui collabore avec les autorités sur l’intégration, la
citoyenneté, la radicalisation, l’éducation et bien d’autres sujets, celui qui
offre des cours de soutien scolaires dans ses mosquées, celui qui négocie
constructivement et dans le respect mutuel avec les autorités pour trouver une
solution convenable pour la sépulture musulmane, celui qui participe au
nettoyage de la plage, à la soupe populaire, aux activités pour les réfugiés et
j’en passe. C’est celui qui, depuis toujours, à respecté les libertés
constitutionnelles et le cadre légal, celui qui a fait sien ces valeurs et
principes démocratiques. C’est cet Islam qui veut se soumettre à une longue
procédure de vérification et de contrôle politique afin d’atteindre une
reconnaissance d’intérêt public, qui en réalité ne serait rien d’autre qu’une
reconnaissance d’une réalité ancienne. C’est lui, l’Islam vaudois, qui aime les
lois, la liberté, la paix. C’est lui, l’Islam vaudois, qui aime les vaudoises
et les vaudois. Mais ces sont surtout les porteuses et le porteurs de cet Islam
vaudois, vos concitoyens, organisés à travers notre communauté, qui demande
cette reconnaissance afin de renforcer et approfondir notre coopération avec
les autorités et pour sceller notre pacte avec la société vaudoise. Ces sont
ces vaudois qui croient au Dieu unique, à Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et aux
Tribus, à Moïse, à Jésus, à Marie et à Mohamed. Ceux qui prône l’équité, la
charité et la libéralité envers tous leurs concitoyens, quelque soit leur
confession, leur couleur ou leur mode de vie.
Vous vous inquiétez des deux exigences présumées contradictoires
pour les musulmans vaudois, qui seraient la charia et les règles démocratiques.
La charia vaudoise se déduit de l’Islam vaudois, telle que décrit ci-dessus.
Elle n’est pas une loi, elle est une voie, spirituelle et cultuelle, sur le
chemin vers Dieu. La voie (charia) et la loi ne sont pas une contradiction
comme vous dites, elles sont un syncrétisme.
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