L’ambiance autour des questions liées à l'intégration est tendue. C’est notamment le résultat d’une
société ouverte qui doit tout négocier avec toujours plus d’acteurs qui se rencontrent sur un pied d’égalité. Ils doivent tous ensemble, dans toute
leur diversité, discuter de l’avenir de notre société.
Grâce à l’ouverture de la société, de plus en plus de
personnes sont sensibilisées aux inégalités. Cette ouverture, cette émancipation, implique l’absence
de privilèges sur base du sexe, de la couleur de peau, de l’orientation
sexuelle ou de la religion. Plus un groupe acquiert son égalité et sa
participation, plus il sera conscient des inégalités restantes. Au lieu de se
satisfaire des acquis, il est mécontent de ce qu’il n’a pas encore réussi.
C’est parce que l’intégration est réussie que les enfants
des immigrés de la dernière génération sont assis à notre table sociétale de
négociation. L’objectif n’est pas l’harmonie, mais la négociation des conflits.
L’harmonie durable n’existe que dans les dictatures, les sectes ou les familles
autoritaires. La querelle présuppose des points communs. Nous ne nous disputons
pas parce que nous nous séparons, mais parce que nous nous rapprochons. La société
ne s’intéressait guère au voile islamique quand il était porté par des femmes
de ménage, c’est seulement quand ses porteuses sont devenues enseignantes, élues,
etc. qu’il a pris de l’importance. Il y a 20 ans, tout le monde, musulmans et
autres, aurait nié l'idée que l’islam fasse partie de la Suisse, aujourd’hui elle est sérieusement discutée et génère donc des désaccords. Et je rajoute la question de la reconnaissance étatique des communautés islamiques, c'est seulement quand elles sont suffisament mûres et consolidées et qu'elles demandent l'intégration institutionnelle dans l'état que la question génère un débat.
Cependant, la
fracture ne se manifeste pas entre jeunes et vieux, ni entre ville et campagne
ou entre gauche et droite. Elle s’ouvre autour de la question si oui ou non nous acceptons une société ouverte, si oui ou non nous acceptons la pluralité.
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